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Les Seigneureries (familles) de Rue vers l’an 1000

Episode X

L’an mille ou mil : l’âge d’or des – plus ou moins – preux chevaliers et de la fortification à tour de bras
Pour commencer, démêlons les comtes de Savoie et les comtes de Genève. La seigneurerie de Rue était vassale des Comtes de Genève. Par la suite, une querelle s’est invitée entre ces comtes qui étaient en fait cousins avec les comtes de Savoie. À l’issue de cette guéguerre familiale, la Seigneurerie de Rue a été donnée par les comtes de Genève aux comtes de Savoie jusqu’en 1536. C’est à cette date que nous intégrons le canton de Fribourg, créé en 1481 lors de la diète de Stans où Nicolas de Flüe (devenu Saint) a servi de médiateur.

Châteaux fortifiés, barricadés et bien gardés
La faiblesse des rois (d’où le qualificatif « roitelets ») n’était qu’un aspect de ce que l’on commençait à appeler Novae res, les « choses naturelles » qualifiées de révolution féodale. L’élan pour la construction de fortifications partout où cela était possible est dénommé, de nos jours, l’incastellamento. Cette obsession qui menait à tout fortifier, après la peur de fin du monde de l’an mil, allait au-delà de la simple crainte de l’agression. Elle était révélatrice d’une terre sans Seigneur ou Roi. D’abord faits de bois, les châteaux furent construits en pierre. Ils dominaient les buttes et les éperons rocheux et en changeait le paysage. Établis en postes avancés, les châteaux devinrent le symbole d’une occupation militaire. Pour la rendre effective, les nobles autoproclamés (personnes ayant de la richesse et des terres), durent compter sur des individus armés montés à cheval qui étaient appelés milites ou chevaliers. Leur image marqua l’histoire européenne du début du Xème siècle.

Soldats et fonctionnaires du fisc
L’identité réelle de ces chevaliers variait selon les régions, mais ils venaient des classes inférieures de la noblesse voire du monde paysan. Les nobles en les anoblissant les réunirent dans les châteaux, leur fournirent le gîte, le couvert et une fonction. En échange ils devaient rendre hommage au Seigneur et devenir leurs vassaux. Leur première obligation était d’assister le Seigneur de la région pour patrouiller dans les terres, montrant leur supériorité du haut de leur selle. Lors des guerres, ils partageaient leur part de butin avec le Seigneur. Lors des chevauchées (rondes), ils surveillaient la population et les assujettissaient à des impôts pour le Seigneur. C’était aussi un moyen de pression visant à s’emparer d’une partie des revenus agricoles. Les seigneurs utilisaient les chevaliers pour regrouper les paysans dans des villages (villae), sans pour autant s’emparer de ces entités.
Dans les prochains épisodes, en ce début de grande fusion communale depuis le 1er janvier 2025, nous allons rester en l’an mil, pour évoquer la naissance et l’histoire des villages de notre nouvelle commune.

Roger Perriard