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Cafés Bla Bla

du concret et pas que du « blabla »

Depuis le début de l’année, Pro Senectute organise des Cafés Bla Bla mensuels à la buvette du FC Rue. Reportage en immersion lors de la rencontre du lundi 6 mai 2024.

À notre arrivée, le parking est quasiment plein, ce qui laisse augurer qu’il y a du monde au café Bla Bla du jour. Une fois la porte poussée, c’est confirmé : une trentaine de personnes est déjà installée et les conversations sont animées. Le groupe de cinq bénévoles à l’origine de ces rencontres mensuelles nous accueille : il y a Fernande, Cosette, Bernard, Claude et Guy. Sans oublier le petit chien de Claude qui tournicote gaiement dans la buvette. Ces cinq volontaires ont pris le relai informel de l’ancien comité glânois de Pro Senectute. Le but de ces Cafés Bla Bla, activité proposée parmi la pléthore d’offres mises en place par cette institution fondée il y a 101 ans, est de proposer un lieu de rencontre, d’échange et de distraction, en toute simplicité et proximité pour les habitants de la région. La fréquentation est stable et les retours positifs.

On se connaît depuis 5 minutes

La première tablée que nous approchons est très joyeuse, les cinq jeunes retraitées donnent l’impression d’être de vieilles copines en virée. « Pas du tout, on se connaît depuis 5 minutes ! » Le ton est donné : elles sont là pour élargir leur horizon, faire des connaissances. Elles s’installent donc volontairement avec des personnes différentes à chaque édition. Deux voisines de Promasens sont ravies de se voir ici : « Au quotidien, on ne se croise jamais, nous n’avons pas les mêmes horaires. » À la retraite depuis deux ans et toujours overbookées ! « Quand on a vu qu’une activité était proposée, on s’est dit qu’il fallait venir, qu’il fallait jouer le jeu et non pas rester chez soi à bougonner que les retraités sont oubliés. »

À la table d’à côté, on apprécie la taille humaine de ces après-midi : « La sortie au Comptoir avec la Fédération des retraités est vraiment très bien. Mais quand il y a 200 personnes sous la cantine, c’est difficile de se parler et de faire de nouvelles rencontres. Ici, c’est différent. Les gens se mélangent, quel que soit leur village de domicile. Il n’y a pas de querelles de clocher ! » Le fait même que quelque chose soit proposé est apprécié. « Pour une fois, ce ne sont pas que des paroles. Souvent, on entend dire « nous allons faire » et rien ne se fait. Ici, c’est du concret. » 

Des jeux, des rires et quelques larmes

Le Jass a la cote : les cartes, tapis, calepins et crayons fleurissent sur les tables. Une table s’est lancée dans un mystérieux jeu de dés « qui n’a pas de nom », mais qui fait « fonctionner le cerveau. » Les bénévoles expliquent qu’ils proposent différents jeux, pour celles et ceux qui souhaiteraient s’initier à la nouveauté. Lors du Café Bla Bla d’avril, le beau temps avait incité les participants à sortir profiter du terrain de pétanque. En cela, le lieu est idéal : ni trop grand, ni trop petit, avec places de parc et accès à l’extérieur, cuisine pour préparer le thé et le café. Les grands-parents qui seraient « de piquet » le lundi peuvent même emmener leurs petits-enfants. Fernande tient à le souligner : « Les Cafés Bla Bla n’auraient pas pu être organisés ici sans le soutien de la commune de Rue, qui met gratuitement à disposition la buvette des Fourches. Les activités de Pro Senectute reposent essentiellement sur le bénévolat. Cette formule permet d’accueillir tout le monde sans distinction. Des revenus modestes privent souvent les aînés de petites sorties et de liens sociaux. Ici, il n’y a pas de ticket d’entrée à payer. Nous mettons une crousille pour financer les petits gâteaux et d’ailleurs, les participants viennent souvent avec une pâtisserie maison. » Cosette renchérit et insiste : « Nous remercions vivement la commune pour son geste. »  

Si les cartes sont omniprésentes, certaines chibreuses n’auraient rien contre une diversification. Peut-être qu’une table tricot fera sous peu son apparition ? Quoi qu’il en soit, le jeu semble davantage être un accompagnement qu’un but. Au fil des discussions qui se nouent, c’est la vie qui est évoquée. Avec ses joies délicieuses « mon cadeau pour mes 50 ans a été devenir grand-mère » et ses immenses peines : un enfant perdu en bas âge, un mari disparu trop tôt. Des ententes et des mésententes familiales. La génération où toute jeune fille respectable se devait de fréquenter « l’école ménagère » puis d’élever ses enfants. Ce qui ne l’a pas empêché de faire aussi mille petits boulots. Parmi celles et ceux qui ont un parcours professionnel moins hétéroclite, on relève que le moment de la retraite distend le lien avec une bonne partie du réseau social précédent. Les Cafés Bla Bla contribuent au tissage de nouveaux liens. Le Pavé s’est même laissé chuchoter que Cupidon aurait fait une incursion dans les parages.

Le futur reste à écrire

Au moment où cet article est rédigé, la dernière rencontre du semestre est agendée au 3 juin. Le groupe de gentils organisateurs est encore dans le flou pour l’automne et est présentement occupé à organiser un thé dansant à La Joux au mois de mai. Le cas échéant, notre rubrique agenda accueillera bien sûr le programme de nouveaux Cafés Bla Bla. Fernande précise : « Il y avait 3’000 retraités en Glâne en 2022, nous serons 6’000 en 2030. » Côté public donc, la relève est assurée.

Nous le confessons : les envoyées spéciales du Pavé n’avaient pas l’âge légal du Café Bla Bla. Cela ne nous a pas empêché de passer un beau moment d’échange profondément humain. Nous serions presque tentées de crier « Vive la retraite et les retraité-e-s ! ».

 Marinette

 ProSenectute est la plus grande organisation de services suisse spécialisée dans le bien-être des personnes âgées. Ses services incluent le conseil (finances, retraites, gestion du quotidien), la proposition d’activités récréatives et sportives, mais aussi des propositions d’aides à dmicile ou des solutions d’aide à la mobilité.

Plus d’infos :
https://www.prosenectute.ch/fr.html
ou au 021/925 70 10