
Festival du film vert
Les Remparts se parent de vert le temps d’un week-end
Les 14 et 15 mars 2025 aura lieu le Festival du Film Vert à la salle des Remparts à Rue, pour la huitième année consécutive. Comme son nom l’indique, ce festival propose des projections de films ou de documentaires en lien avec l’écologie et l’environnement, accompagnées d’un échange avec un intervenant ou une activité. La docteure Michèle Senn, organisatrice solo pendant plusieurs années, partage avec nous les ficelles de ce projet qui lui tient à cœur.

Qui a déjà vu Michèle Senn se déplacer avec son véhicule dernièrement, se doute que l’écologie est une de ses figures de proue. Plus aucun véhicule à essence sous le couvert familial depuis cette année, un choix mûrement réfléchi et qui implique la participation et l’adaptation de toute la famille. L’écologie donc, ou tout du moins la prise de conscience que nous pouvons, tous, faire mieux dans ce domaine, est un de ses chevaux de bataille. Cette maman de trois enfants, impliquée politiquement et sensibilisée à l’environnement depuis petite, s’inquiète : « Je suis assez attristée par la direction dans laquelle va notre monde, la dégradation environnementale, le déni qu’il y a par rapport au changement climatique. Quand on m’a proposé de trouver un lieu pour projeter des documentaires sur des questions environnementales je me suis dit : « Ça, ça me parle ». On ne peut pas pousser les gens là où ils ne veulent pas aller mais, par contre, on peut informer. Je crois qu’il faut être plus intelligent, ou en tout cas plus informé, pour être prêt à changer. »
Le Festival du Film Vert a pris naissance il y a presque 20 ans grâce à Nicolas Guignard, auteur et créateur d’entreprises dans l’édition vidéo et la distribution. Depuis la Vallée de Joux et plus précisément au Sentier, il pilote cette organisation aux sites multiples, répartis entre la Suisse Romande, le Tessin, la France mais également l’Afrique francophone. Le canton de Fribourg propose quatre lieux de projections cette année : Fribourg, Charmey, Romont et Rue. Les films projetés sur un site ne le sont pas forcément ailleurs : « On tente de se coordonner. Par forcément avec Fribourg, parce qu’on n’a pas le même public. Mais avec Romont on essaie de ne pas choisir les mêmes dates ou les mêmes films – on a des fidèles spectateurs qui vont tout voir. On n’y arrive pas toujours mais on essaie », précise Michèle Senn.
Médecin-généraliste, elle a la fibre sociale que requiert son métier. Et lorsqu’en 2017, le Festival du Film Vert a intégré la ville de Rue, elle a souhaité y apporter son soutien. « Ça a été une question de rencontres. Au départ, le premier festival à être organisé à Rue l’a été par une personne de Glâne Ouverte. Celle-ci avait besoin d’aide pour une soirée où elle n’était pas disponible. Je suis venue pour donner un coup de main pour gérer cette soirée-là et j’ai organisé la rencontre avec l’intervenant. »
Depuis ce jour, et après le départ de la première organisatrice, Michèle Senn reprend les manettes de cette manifestation annuelle. À l’aide du comité aujourd’hui composé de 3 autres personnes, toutes bénévoles, ils définissent ensemble les films ou documentaires qui seront projetés et partent à la recherche d’intervenants ou d’activités en lien avec les projections. « Tout le monde est bénévole, même les intervenants. On a parfois peur de demander… mais les gens disent oui. » Les bénévoles ont ainsi fait venir un animateur de la RTS, des professeurs d’université, un conseiller national, un biologiste. « On a réussi à avoir des personnalités incroyables qui sont venues échanger avec nous après le film. Ils donnent de leur temps et je trouve ça très généreux. »
Plus de 170 films ont déjà été proposés pour l’édition 2025, par des cinéastes d’un peu partout. « C’est tout un processus. Ce sont les différents bénévoles des différents sites du Festival qui, individuellement, visionnent les films. Ils sont vus par au moins trois personnes et un immense tableau recense leurs avis. On a accès à une shortlist des films qui ont eu le plus d’accroche et chaque équipe est libre de choisir les films qu’elle va diffuser. Celui qui aura reçu le plus de voix lors d’un vote – parmi 6 films nominés – sera le film phare de l’année, montré sur tous les sites, mais pour les autres projections, on fait ce qu’on veut. » 2025 signera la vingtième édition de ce festival qui, en 2024, a compté plus de quatre cents projections d’une soixantaine de films différents, sur plus d’une centaine de lieux.
L’objectif n’est pas de proposer des films qui inquiètent, mais plutôt de présenter des documentaires montrant des alternatives à la façon de faire d’aujourd’hui. L’intention est d’informer et de sensibiliser, de toucher la fibre écolo qui sommeille en chacun. « Et de savoir ce qui se passe dans le monde. Ça peut être un film sur l’industrie du textile : quand on achète un t-shirt, d’où ça vient, qu’est-ce que ça représente pour les populations locales ? Ce sont vraiment des sujets importants. » Elle ajoute : « L’esprit du Festival est de montrer les films là où il y a les gens et de sensibiliser localement. »
Que pense-t-elle de l’impact que le Festival peut avoir ? « Je reste assez humble, par rapport à ce qu’on peut changer. Cependant, on peut se questionner : qu’est-ce qu’on pourrait faire ici, qu’est-ce qu’on pourrait faire autrement, qu’est-ce qui se fait déjà ? C’est difficile de connaître l’impact de ce festival, mais j’ai l’impression qu’il y a quand même des personnes qui sont venues voir un film parce que c’était à côté et qu’elles n’auraient jamais été sensibilisées à cette problématique si la projection n’avait pas eu lieu dans leur village. Elles ne se seraient pas déplacées pour aller voir ça. Sinon, il y a parfois de chouettes retours lors de la discussion qui a lieu après. »
Le festival se déroule généralement sur deux jours : le vendredi soir avec la projection d’un film suivie d’une discussion avec un intervenant. Le samedi accueille deux projections : une dite « familiale », l’après-midi, avec une activité pour les enfants, et une le soir, avec un deuxième intervenant. Pour 2025, toutefois, le programme n’est pas encore définitif et sera dévoilé en début d’année. « Au début on demandait une entrée de Fr. 10.-, et puis on a pris la décision de rendre les projections gratuites en se disant que l’argent ne devait pas être un frein à l’information. On met un chapeau à la sortie et chacun fait en fonction de ses moyens. »
Nul doute que tous les acteurs du Festival sont convaincus que l’information est la base d’un changement de comportement face aux enjeux climatiques et environnementaux qui nous attendent. Un moyen d’agir à l’échelle locale – mais aussi nationale – et d’apporter sa pierre à cet édifice aux dimensions monumentales.
Virginie Barrelet
Infos :
festivaldufilmvert.ch