Edito

Nuisible

La page verte de cette édition du Pavé s’est intéressée à la culture d’une plante importée d’Amérique par Christophe Colomb et initialement cultivée sous nos latitudes à titre ornemental : le tabac. Car notre région fait partie de celles où l’on trouve communément de grands hangars à côté des fermes.

Aujourd’hui, tout le monde je crois a bien intégré le fait que la fumée nuit gravement à la santé, pour user d’un pudique euphémisme. Dans le même temps, le fait que la culture du tabac soit une source de revenu pour les agriculteurs est une réalité. Pendant très longtemps, l’usine Burrus, à Boncourt, a procuré du travail à des familles entières et fait les beaux jours de la caisse communale.

Il est souvent tentant, parce que c’est simple et confortable, d’envisager toute chose de façon binaire. Bien ou mal, noir ou blanc, 1 ou 0, etc. En vrai, la vie se révèle pourtant plutôt composée d’une infinie déclinaison de nuances. Nuances qui elles-mêmes peuvent encore varier, selon l’angle depuis lequel on les contemple.

Tout compte fait, la plante de tabac ne nous a rien demandé. Elle vit sa vie de plante et c’est ce que nous en faisons – ou pas – qui est problématique. Peut-être qu’un jour, nous découvrirons un autre usage, plus vertueux, à ces grandes feuilles ?

Après tout, le trafic d’héroïne fait des ravages dans le monde, alors que la morphine soulage les plus grands maux dans les hôpitaux.

Quoi qu’il en soit, les innocents pavots de mon jardin se moquent de tout cela. Ivres de soleil, ils fleurissent somptueusement, jetant insolemment leur rouge carmin en direction du ciel.

Quand je les regarde, j’en arrive à penser que l’été ne finira jamais. Si ce n’est pas le cas, nous nous retrouverons à l’automne, avec le Pavé no 8. D’ici-là, savourez cette 7^e édition, sans modération, il n’y a pas de contre-indication.

Marinette

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