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Nouveau Centre de secours de la Glâne à Rue

une inauguration flamboyante

C’est un projet initié en 2017 et rondement mené qui tourne maintenant depuis le samedi 1er juillet dernier, date retenue pour ouvrir les portes de la caserne à la population. Par une météo favorable à laquelle ne manquait même pas quelques gouttes divertissantes, le public a été très nombreux à visiter les nouvelles installations des pompiers, de la police et des abris PC. Et il n’a pas boudé son plaisir: briqués comme à leurs premiers jours, les véhicules ont été pris d’assaut par les enfants (petits et… grands) et les démonstrations de lutte contre le feu ont été ponctuées de longs applaudissements.

De telles réalisations publiques sont rares: pas ou très peu de polémique, pas de dépassement de budget et un planning respecté. D’autant plus qu’il a fallu réunir les accords et les énergies de plusieurs entités, qu’elles soient communales ou cantonales.

S’il en est un qui avait le sourire large ce samedi d’inauguration, c’était bien Laurent Surchat, commandant de bataillon des sapeurs-pompiers du Sud Fribourgeois. Cheville ouvrière du projet, il observait, en la contemplant depuis le 1er étage du bâtiment, la foule des visiteurs. En gardant, comme par réflexe, un œil sur sa maison d’Ursy au loin, située tout près de la scierie qui a également été active dans la réalisation du bâtiment.

“Pour moi, c’est l’aboutissement de 5-6 années de travail. Il a fallu œuvrer, vendre le message de sécurité qui était en fait un vrai besoin, il a fallu convaincre avec l’idée des partenaires feux bleus… Il faut quand même se rendre compte que ce centre de secours est le premier du canton de Fribourg à réunir police et pompiers. Maintenant que c’est fait, je pense que nous ferons des émules (ndlr: le commandant de la police l’a bien laissé entendre lors de l’inauguration officielle la veille au soir), mais je vous assure qu’il a fallu discuter ferme dès le début pour que ça marche. Ce sont nous, les pompiers, qui avons servi de moteur à ce projet et à ce rapprochement.“

Cela dit, quand on pense feux bleus, on pense aussi aux ambulances. Mais celles-ci sont pourtant absentes du Centre de secours de Rue:

 “On aurait certes aimé, parce qu’il y a un manque ici. Le hic, c’est que le manque ne se fait pas sentir qu’ici. Il a fallu être réaliste: en fait, on s’est rendu compte en faisant une cartographie des interventions que si on avait mis une ambulance à Rue, elle aurait passé les 80% de son temps à rouler dans un autre secteur. Ça ne faisait pas vraiment sens.”

La plus grande fierté de Laurent Surchat, et celle des autorités en général, c’est d’avoir tenu le projet dans les clous financièrement, et dans les délais.

 “Oui, il ne faut pas oublier qu’une guerre a éclaté en Europe après que les crédits ont été votés (c’était en avril 2021) ! On a fait ce qu’il fallait, on a économisé sur certains postes, on en a optimisé d’autres. Je pense que si on avait dépassé de 5%, personne ne nous l’aurait reproché, les gens auraient compris la situation ; mais nous voulions respecter nos engagements. Ça n’a pas été simple: l’acier d’armature, par exemple, dont on a besoin par tonnes dans les abris PC, a triplé de prix avec la guerre. Et il y avait pénurie : l’Ukraine n’en fabriquait plus et, côté russe, il y avait l’embargo, d’où des prix qui flambaient.”

Pour l’inauguration, les pompiers ont tenu à mettre clairement en avant les (très) jeunes sapeurs. Pour susciter de nouvelles vocations dans le public, qui était principalement familial – mais pas seulement – il y avait aussi la symbolique: “C’est pas pour nous qu’on a construit, c’est pour eux, ce sont eux qui en profiteront pleinement”, explique Laurent Surchat. Qui a malgré tout dû consoler sa fille, très déçue de ne pas trouver de barre de pompier dans la caserne… (une telle barre n’a de sens que s’il y a des dortoirs sur place, ce qui n’est pas le cas avec nos pompiers volontaires de milice qui vivent à domicile). Elle se sera sans doute consolée avec le grand camion-échelle, en démonstration pendant la journée. “J’espère bien, rigole le commandant. Parce qu’un camion comme ça, c’est 1 million de francs, autant dire qu’on ne peut pas en héberger un partout! Pour le Sud fribourgeois, c’est Romont, Bulle et Châtel qui en sont dotés.”

 Alexandre Chatton