
Découverte de nos villages
Promenade à Arlens
Nous commençons notre balade par ce hameau, premier dans l’ordre alphabétique, en prenant le ruisseau Le Passiau comme frontière naturelle, reconnue encore aujourd’hui par les cartes militaires et les GPS. Au Moyen Âge, il faut voir Le Passiau avec un fort débit, digne d’une rivière, qui prend sa source sur la commune de Mossel, sépare Arlens du village de Blessens et se jette dans la rivière La Broye.

Arlens est un prénom masculin qui est très répandu au Québec/Canada. Les anagrammes sont Arslen, Laren S., Lersan, Narsel, Ransel, Raslen, Relsan, Sarlen et Selarn.
Ce hameau, ancienne seigneurerie, est reconnu en 1162 sous Aslens, en 1251 Allens. Il fait partie de la paroisse de Promasens. Cette seigneurerie appelée la famille d’Arlens est une possession des seigneurs De Prez dès le XIIème siècle. Cette seigneurerie est donnée en fief en 1403, par le Comte de Savoie au Seigneur Jean De Prez, au Seigneur Mermet De Maillardoz de Rue et au Seigneur Antoine Champion de Vaulruz. Elle dépendait administrativement de la Seigneurerie de Rue. Le Marquis Georges De Maillardoz était Coseigneur en 1516. Lors de la conquête des Fribourgeois en 1536, la seigneurerie de Rue passe au canton de Fribourg, ainsi qu’Arlens. En 1554, le Marquis François De Maillardoz était Coseigneur d’Arlens et Banneret de Rue. Vers 1700, Le Marquis Béat, Louis II De Maillardoz, était Coseigneur d’Arlens et Châtelain de la Seigneurerie de Rue. Julia Katharina May von Hünigen, d’une famille noble de Berne, prend possession de la Seigneurerie (d’Arlens) et de la dîme d’Invau en 1784. Par la suite ce hameau fait partie intégrante administrativement de Blessens.
Il existe un charmant homonyme qui vaut la visite, en France : le château d’Arlens, construit en 1666 et rénové en 1789, à Couloumé-Mondebat, au cœur du pays de Gascogne/Pyrénées.
Arlens, comme d’autres lieux, a vu le passage des celtes implantés depuis le IIIème siècle avant J.-C., et par la suite les Romains et les Burgondes. Divers objets, tuiles, ont été découverts lors de fouilles.
La chapelle vénérable doyenne et l’arrivée du chemin de fer
Avant de descendre le cours du Passiau, arrêtons-nous un instant aux confins du territoire communal : le domaine dit de St-Joseph, propriété initiale de la famille De Maillardoz, puis vendu. À ce jour, c’est la famille Hassler, depuis 4 générations, qui dirige ce domaine. Sur une parcelle, en 1683 -1684, est construite une petite chapelle dédiée à St-Joseph et St-Joachim. Elle appartenait à Dom Pierre Rossier, reçu bourgeois d’Arlens en 1653 et curé de Rue de 1656 à 1666. Il la cède par testament à la cure de Promasens. En 1882, le Marquis Jules De Maillardoz rachète le domaine de St-Joseph et restaure la chapelle. Il s’agit de la plus ancienne construction du village.
En 1862, la ligne de Chemin de Fer Lausanne-Berne est construite. Un passage à niveau avec barrières, une guérite et une maison pour le garde-barrière sont ajoutés (il n’en reste rien aujourd’hui, ces équipements ont été démolis vers 1970, lors de la construction d’un pont). Un aqueduc est aménagé pour laisser passer le Passiau, au lieu-dit Les Combes, un autre au lieu-dit Les Cergnes. Le train à vapeur traverse le pays. Je profite pour parler d’une anecdote : en septembre 1898, on voit passer sur cette ligne le convoi impérial funéraire avec des tentures noires aux armes de l’empire d’Autriche et du royaume de Hongrie, ramenant la dépouille mortelle de l’Impératrice Sissi de Genève à Vienne. Elle repose dans la crypte des capucins à Vienne, sépulture de la Maison de Habsbourg depuis 1663. Toutes les cloches du pays ont sonné sur son passage.
La sellerie, la forge, la scierie et l’épicerie
Dans un manuscrit de 1864, J.-J. Ruffieux signale un aqueduc romain dont on a retrouvé des débris quelque part sous Arlens. Cette découverte n’a pas été relocalisée. Des documents d’archives ont disparu. On arrive au chemin du Passiau 20, où l’on trouve une sellerie et une forge dans un bâtiment carré annexe, ainsi qu’un four à pain. À la fin du XIXème siècle, un étage/appartement est ajouté sur la forge. Les artisans sont les frères Perriard, famille implantée depuis le XVIème siècle. En 1839, la ferme de Jean Perriard de Blessens brûle vers Vauderens. Il reconstruit sa ferme à côté de la sellerie. Les 2 artisans cessèrent leurs activités et le domaine est devenu agricole sur 5 générations.
On continue et nous arrivons sur le pont reconstruit en 1959. Il servait aussi de retenue d’eau pour les pompiers. Puis, nous trouvons un bâtiment, du début du début XXème siècle avec une baie vitrée, niché dans le virage très serré de la Route d’Arlens. Il s’agissait de l’épicerie du village, tenue par la famille Jaccoud, jusque dans les années 1965. Sur l’arrière, un vieux bâtiment existe encore. Il s’agissait, au XVIII et XIXème siècle, de la scierie des Frères Surchat de Blessens, actionnée par une roue à aube. De l’autre côté de la route on découvre une écluse qui réglait le débit d’eau dont la retenue inondait partiellement La Cornaz, prairie marécageuse, et servait aussi pour les pompiers. Un dernier pont se situe au lieu-dit Les Crottes et servait aussi de retenue d’eau. Pour finir, Le Passiau va rejoindre la rivière La Broye.
Roger Perriard

