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Découverte de nos villages

Blessens, un lion blanc bien rasé

(chapitre 1er)

Blessens veut dire persévérant et signifie également glaive ou hache. Au fil du temps, le nom de Blessens a connu de nombreuses variations et les romains y promenaient déjà leurs caligae. 

Ce nom est apparenté à Billens, d’origine celte, romaine puis burgonde, comme tous les lieux finissant par « -ens ». En primitif Bilisingos (chez les Bilisingi) dévié en Bilise, Belis, Blesensen (en 1150), Blescens (en 1160), Blessens (en 1215), Blesseins (en 1238) et enfin Blessens/Arlens en 1260. On surnomme les habitants « les frais rasés ». Le village compte 98 habitants en 1155, 163 en 1930 et 89 en 1990. Blessens fait partie de la paroisse de Promasens. Blessens/Arlens fusionnent en 1993 avec la municipalité et commune de Rue.

Les De Prez omniprésents, de près ou de loin

Le blason est un « lion blanc » sur fond rouge. Celui des seigneurs et nobles De Prez est un « lion rouge » sur fond jaune et bleu. On retrouve une similitude avec les blasons des seigneureries de Prez, origine de la famille, de Prez-vers-Siviriez et de Prez-vers-Noréaz et d’autres possessions dans la région, notamment Arlens/Blessens, appartenant aux nobles seigneurs De Prez de Rue. On trouve une souche principale de la famille qui possédait un château « barbacane » sur l’avant du château de Rue. On y voit encore des vestiges, des ruines. Un acte daté du 11 novembre 1145 mentionne Pierre De Prez (De Praels), sa femme et leur fils Jean faisant une donation à l’abbaye de Haut-Crêt. Les donations faites à l’abbaye d’Hauterive par le noble Boson de Prez et son épouse, vers 1170, ont eu lieu à Aslens (Arlens) au-dessus de Promasens dans le village de Blessens. Il se pourrait que le blason de Blessens confirme la vassalité des seigneurs de Blessens envers les Seigneurs De Prez de Rue.

La famille des seigneurs de Blessens est, selon le peu d’archives existantes, le noble seigneur Pierre de Blessens, chevalier vers 1190, qui passe une convention entre le Seigneur Nicolas de Moudon et l’abbaye de Haut-Crêt. Le Seigneur Othon de Blessens, vers 1277, a un différend avec le Seigneur Jean de Mossez (Mossel). Jordan ou Jordanus de Blessens, chevalier, vers 1287, est entendu pour le compte de Louis II comte de Savoie, Sire de Vaud, sur la Mestralie de Rue. Le Seigneur Guillaume de Blessens, le 6 juillet 1342, vend ses terres à Jean fils de Rodolphe, curé de Promasens. Dans cet acte Jean est désigné comme le fils de feu Humbert, Mestral de Rue. Enfin le cartulaire de l’abbaye de Haut-Crêt mentionne, à la date du 23 avril 1344, un legs fait à cette abbaye par Jean, Mestral de Rue, fils de feu Humbert.

Un exemple de vente de terre : Williod, fils de feu Othet, de Blessens, et Johannod, son fils, du consentement d’Agnès, femme de ce dernier, vendent au Seigneur Jean Métral de Rue, fils de feu Seigneur Humbert Métral de Rue, de pur et libre alleu, un morceau de pré sis au finage de Blessens, au lieu-dit « Prabertot », pour le prix de 30 sols bonnes lausannoises. Le sceau de la Châtellenie de Rue par Aymon de Chastonay, donzel et châtelain de Rue, figure sur le document. Le notaire est Rodolphe de Moudon, dit de Rueyres, clerc, juré de la Châtellenie de Rue.

 Le train fait ressurgir un passé encore plus lointain

Le village et le hameau, liés avec le hameau d’Arlens, sont pourvus d’abergements (fermes isolées). Le ruisseau la Roseire, venant de Mossel, passe près du pré Essert-la-Ville, lieu de vestiges archéologiques. Il rejoint ensuite le Passiau, aussi appelé le Pass Tau au Moyen Âge.

Lors des travaux de construction de la ligne de chemin de fer Lausanne – Berne, des fouilles sont effectuées vers le Gros Essert dès 1862. On découvre des ruines datant de l’époque romaine. Une voie romaine venant de Promasens passait par ce lieu en direction de la Gruyère. Un plan des découvertes sur ce lieu-dit est dressé le 17 novembre 1897 par le géomètre Hubert Geinoz. En plus des tuiles, amas de ciment, briques, pierres taillées et autres vestiges, cet endroit recèle les traces d’un château, muni d’une tour avec des dépendances et écuries, qui faisait face au château de Rue, dont les seigneurs de Blessens étaient les vassaux. En faisant partie de la seigneurerie de Rue, Blessens est passé dans le baillage de Rue en 1536, donc dans le canton de Fribourg. Puis du district et préfecture de Rue, de 1798 à 1848, dans le district de la Glâne avec Romont comme chef-lieu et préfecture, conjointement à l’adoption de la nouvelle Constitution fédérale. Sous Napoléon Bonaparte, de 1798 à 1803, on est intégré dans la république Helvétique, avec le « code Napoléon », lequel a influencé les codes civils ultérieurs.

 Roger Perriard