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Le chacun pour soi exitait déjà

Episode VI

Les ancêtres des stations-service et aires d’autoroutes

Depuis l’époque romaine, les voies de communications sont agencées avec un écartement de 107 à 110 centimètres. Des relais, appelés « mutationes » (mutatio au singulier), qui permettent de s’abreuver ou de changer de monture, sont présents tous les 15 kilomètres. Il y a par ailleurs des « mansiones », auberges et motels proposant le gîte et le repas pour les hommes et les bêtes, tous les 30 ou 45 kilomètres.

À chacun son petit calendrier

Au Moyen Âge, on indique le changement d’année par le mot « style » et ce jusqu’à la Renaissance. Durant cette période, les changements d’année – donc les styles – les plus courants sont le 1er janvier (style de la Circoncision), le 25 décembre (style de la Nativité), le 25 mars (style de l’Annonciation), ou encore le style de Pâques, qui commence la veille ou le jour de Pâques (soit entre le 22 mars et le 25 avril). Les années sont de durée inégale, variant de 330 à 400 jours. Dans une même ville, le style adopté par une juridiction royale peut différer de celui utilisé par l’administration communale. Cela amène beaucoup de confusion dans les documents notariés notamment. Il y a de quoi y perdre son latin !

Depuis l’Antiquité, plusieurs calendriers successifs ont été mis en place. Depuis le Concile de Nicée, en 365 après J.-C., les dates sont calquées sur les fêtes païennes afin d’augmenter les conversions à la nouvelle religion chrétienne.

Le calendrier Julien, calendrier solaire introduit par Jules César en – 46 av. J.-C., sera utilisé jusqu’à l’introduction du calendrier Grégorien au XVIe siècle. Ce calendrier julien ébauche les mois tels que nous les connaissons aujourd’hui (12 mois de 28 à 31 jours) et commence le 1er janvier.

Il reste utilisé dans certains cas encore aujourd’hui : dans la république monastique du Mont-Athos, ainsi que par cinq Églises orthodoxes : les Églises orthodoxes de Jérusalem, de Russie, de Géorgie, de Serbie, d’Ukraine (uniquement l’Église orthodoxe ukrainienne rattachée au Patriarcat de Moscou), par exemple.

Le calendrier Grégorien – calendrier que nous utilisons encore aujourd’hui – est un calendrier solaire conçu à la fin du XVIème siècle pour corriger la dérive séculaire du calendrier julien (l’excès de jours intercalaires du calendrier julien par rapport aux saisons astronomiques décala les solstices de 10 jours par rapport au soleil). À la demande du Pape Grégoire XIII, des mathématiciens et des astronomes préparèrent les bases d’un nouveau calendrier qui sera d’abord mis en application dans les états catholiques en 1582. Son usage se répand ensuite dans les pays protestants et à l’ensemble du monde jusqu’au milieu du XXème siècle.

Et à chacun son petit royaume

Boson (c’est son prénom) de Provence naît vers 844 après J.-C. Il serait le fils de Bivin de Gorze, appelé aussi Bivin de Vienne. Par ses excellentes relations familiales, Boson parvient à de hautes fonctions avant de s’émanciper en se faisant couronner roi de Provence. Il sera également Roi de Bourgogne par la suite et jusqu’à sa mort en 887. À cette époque, beaucoup de Seigneurs se font la guerre pour acquérir des territoires et des richesses. C’est la période des roitelets : il y a beaucoup de monarques qui se disputent de petits territoires. Boson était un Lotharingien. La principale préoccupation des Lotharingiens était de guerroyer contre les Carolingiens, qui le leur rendaient bien !  

Selon certains historiens, la ville de Rüe remonterait au second royaume de Bourgogne, dont la durée s’étend de 888 à 1032, soit immédiatement après le règne de Boson de Provence et de Bourgogne. Les premières mentions officielles sont de 1134 pour la ville de Rüe, selon des documents de l’Abbaye de Hautcrêt. Le donjon carré du château remonte au XIIème siècle.

Au 10ème siècle, Le roi Conrad (3ème de la dynastie) devient Roi des Deux-Bourgognes jusqu’en Provence.

De 933 à 1378 nous sommes intégrés dans le Royaume de Bourgogne et d’Arles. Rüe est sur l’ancien axe de communication reliant Romont, Ecublens et Lausanne par le lieu-dit « Les Fourches », actuellement nommé « La Fin des Fourches ».

Seigneurs sanguinaires

À cette période, la haute justice se donnait dans la cour du château et les criminels étaient décapités par la méthode du taille-tête (un billot de bois et la hache du bourreau). Les malheureux avaient ensuite leur tête exposée sur une fourche à 2 dents (forches ou forza) sur le tumulus pour montrer l’exemple au peuple. Puis, la méthode change : les mises à mort ont cours par pendaison, avec 2 fourches et une poutre en travers pour pouvoir y mettre plusieurs condamnés. Le dernier châtiment donné fut le bûcher pour Dame Mia Varmy, veuve Blanche, autrement nommée la Sorcière de Rüe.

Vers 975, selon l’ensoleillement, nous introduisons la culture de la vigne dans nos régions. Sous le bourg de Moudon notamment, la vigne suivait le plateau jusqu’au bord de la Broye en direction de Bressonnaz.

En l’an mille, après la peur de la fin du monde, les villes se distinguent dans le paysage par la présence de murailles ou encore l’organisation de marchés. Des privilèges d’autonomie communale se développent, tout comme le droit de prélever des taxes et des impôts. Rüe (Rota Villa) devient un bourg : les habitants, paysans et fermiers, y vivent serrés, dans des habitations et écuries en bois, pour la plupart. La gouvernance, elle, se fait par les Comtes de Genevois et les Seigneurs de Rüe.

Roger Perriard