
Corinne Bondallaz
Une vie de goutte en goutte
À défaut de pouvoir changer le monde ou le sauver tout entier, Corinne Bondallaz a à cœur d’apporter des petites contributions, comme autant de gouttes d’eau, là où elle le peut, au gré des situations qui la touchent, aussi bien sur le plan professionnel que personnel


Née un 26 août, comme Mère Teresa, Corinne Bondallaz a beaucoup été inspirée par l’engagement de la religieuse de Calcutta. Après deux naissances prématurées et leurs lots d’inquiétudes, Corinne et son mari – désireux d’agrandir la famille – ont fait le choix, « comme une évidence », de se tourner vers l’adoption, en Inde. La joie d’accueillir un, puis deux enfants espérés et attendus se mêlant au serrement de cœur, en voyant les 50 autres bambins de l’orphelinat, encore en mal de parents. Longtemps domiciliée dans le canton de Neuchâtel, la famille Bondallaz a posé ses valises à Rue en 2005, à la faveur d’un changement professionnel. Une sorte de retour aux sources, puisque Corinne est originaire d’Auboranges et que sa maman était de Rue.
Des hôpitaux d’ici à d’autres réalités médicales
Secrétaire médicale, Corinne Bondallaz travaille depuis très longtemps en oncologie. Elle s’est formée à des thérapies complémentaires, comme l’aromathérapie ou le massage, dans le but de pouvoir, ici et là, apporter un soupçon d’apaisement au milieu des souffrances liées à la maladie et aux traitements. Un moment de douceur et de réconfort peut paraître dérisoire. Mais Corinne souhaite apporter ce qu’elle peut. Elle cite Mère Teresa, qui aimait souligner : « Ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Mais si cette goutte d’eau n’existait pas, elle manquerait ». En 2024, à l’invitation d’une amie, elle a découvert le Bénin, grâce à l’association Voyage Afrique Bénin. Elle en est revenue émerveillée, malgré la dureté des conditions de vie des autochtones. Son premier voyage, avec un groupe de sept personnes, a été suivi d’une deuxième excursion, seule, organisée un peu à l’improviste, en fin d’année.
Le Bénin regorge d’endroits magnifiques et de lieux chargés d’histoire. Y faire un séjour purement touristique – sans volet humanitaire – est déjà une façon d’aider, tout en vivant des vacances mémorables. Le tourisme crée de l’emploi et soutient l’économie locale, c’est déjà un bienfait pour ce pays et ses habitants. Corinne précise d’ailleurs que les hôtes sont « chouchoutés », les Béninois ayant à cœur de promouvoir leur hospitalité. Elle ne s’est jamais sentie en insécurité, « au pire, pas plus que dans une gare de ville romande ! » et l’association assure un accompagnement de qualité. Dans le cadre de ses voyages solidaires, Corinne a participé à des actions comme la distribution de kits de naissance dans une maternité (qui tourne au rythme de 15 naissances par jour), de fauteuils roulants dans un centre pour personnes handicapées, de matériel scolaire dans une école. La distribution se fait toujours avec un responsable local, qui veille à remettre les dons à qui en a le plus besoin. Car pour 100 kits amenés, il y a inévitablement 500 enfants attroupés. Des actions de sensibilisation au brossage des dents et au lavage des mains sont aussi au programme. Lutter contre la transmission des maladies et œuvrer pour une bonne hygiène dentaire a une utilité très concrète, sachant que la plupart des habitants ont juste de quoi manger. Il vaut mieux ne pas tomber malade, car les frais médicaux sont vite hors de portée. En cas d’hospitalisation, il faut payer avant d’être soigné. Au risque, en cas d’urgence, que le patient meure avant que la famille n’ait pu réunir la somme. Dans un tel contexte, apporter du savon, du dentifrice, du paracétamol et des vêtements n’a rien d’insignifiant.
Aider, comme on peut, où on peut
Le 24 mai dernier, Corinne Bondallaz a organisé un vide-dressing au profit de l’association Voyage Afrique Bénin. Grâce aux 75 sacs de vêtements donnés et à la mise à disposition gracieuse de la salle des Remparts par la commune, une somme de CHF 1’500.- a pu être récoltée. Toute l’organisation, avec l’aide de ses proches et de ses amis, a représenté une gageure, Corinne avoue avoir terminé l’opération sur les genoux. Il n’empêche qu’avec une centaine de francs, il est possible d’acheter sur place une quinzaine de moustiquaires, indispensables pour lutter contre le paludisme, qui fait des ravages. La prévention est plus que largement rentable. Un autre projet de l’association a consisté à aménager un puit pour un village de 5’000 habitants, qui ne rêvaient que d’une chose pour Noël : avoir de l’eau, tout simplement.
Dans le cadre du vide-dressing, Corinne a été émue de recevoir des dons de 10 ou 20 francs, de la part de jeunes. On déplore volontiers l’individualisme des temps modernes ; elle tient à relever que la jeunesse n’est peut-être par la première contributrice. L’ampleur du geste n’a pas d’importance, pas plus que la cause, du moment qu’elle sonne juste. Corinne ne fait pas de « hiérarchie » de la bonne action : bon nombre de personnes amènent des mètres cubes de gouttes d’eau en aidant leurs voisins : « Pour moi, la question n’est pas d’aider à côté de chez nous ou à l’autre bout du monde. L’essentiel, c’est de le faire avec le cœur ». Elle témoigne simplement qu’à titre personnel, elle a particulièrement été touchée par la joie de vivre et la spontanéité des Béninois, malgré la dureté des conditions. Elle a le sentiment d’avoir été en contact avec quelque chose qui nous a peut-être bien un peu échappé sous nos latitudes : « C’est ça, la vraie vie » !
Marinette Boillat Chatton
Infos:
Association Voyage Afrique Bénin
(siège au Bénin, antenne en France, antenne en Suisse en cours de création)
Corinne Bondallaz : jc.bondallaz@bluewin.ch 079 648 01 03