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SteFlower

Faire fleurir l’âme sur la peau, en conscience

Dans ce numéro, nous vous présentons Stéphane Matthey, de chez SteFlower à Rue. Son métier ? Tatoueur. Il nous guide sur le chemin du « tautau » – terme polynésien signifiant « âme sur la peau » – ou plus communément appelé « tatouage ». Son salon est un endroit où l’on se sent comme chez soi. Et pour cause : il reçoit ses clients dans sa maison depuis 17 ans. Sur rendez-vous, il vous ouvre l’espace qu’il a aménagé au sous-sol pour exercer son art.

© Jocelyne Barras-Mesot

Stéphane est né près de Cossonay, plus exactement à Pompaples, où il a grandi jusqu’à ses 6 ans dans un hôtel, ses parents étant restaurateurs. À la suite des soucis de santé de son papa, toute la famille déménage à Payerne, où le jeune homme suit toute sa scolarité.

« Depuis tout petit, mon papa me poussait vers le métier de cuisinier. Il espérait que je le suivrais, à tel point qu’il en avait une grande motivation et que j’en ai été un peu dégoûté. J’ai tout de même marché un peu sur ses traces avec mon premier apprentissage de boulanger-pâtissier effectué à Payerne. Ensuite il est décédé et j’ai voulu me prouver que je pouvais réussir encore mieux, en faisant confiseur-glacier. Du coup, j’ai suivi les 5 ans d’apprentissage. Après, j’ai un peu voyagé, j’ai vécu aussi quelques temps en République Dominicaine. »

Stéphane a 22 ans lorsqu’il rentre en Suisse. Il travaille notamment chez Chocolat Villars et commence en parallèle un travail de développement personnel. Il finit par se rendre compte que marcher sur les traces de son papa ne lui correspond absolument pas. C’est ainsi qu’il décide de se tourner vers d’autres métiers, jusqu’au jour où il suit une formation pour devenir coach. C’est à ce moment-là que tout s’éclaire et qu’il décide d’oser écouter sa voix intérieure lui soufflant « tatouage ». À cette période, il a 28 ans et se dit : « Go ! C’est maintenant que je me lance ! »

As-tu un style de tatouage en particulier ?

Quand j’ai commencé à tatouer, j’ai fait beaucoup de choses, autant des petites que des grandes. Maintenant, je pars plutôt sur du végétal. J’aime aussi les paysages, en mélangeant ce côté un peu géométrique, que ce soit des mantralas (ndlr : un style qu’il a développé en associant des mandalas et des mantras, sous forme d’intentions) ou des « patterns » (ndlr : motifs graphiques). On peut dire que c’est un style « floral géométrique ». Par conséquent, la botanique pour l’inspiration de la nature et la géométrie pour un côté plus « spirituel ».

Après, je peux faire plusieurs choses. Mais si quelqu’un vient avec du 100% polynésien ou du japonais, je les guide vers d’autres tatoueurs. Aujourd’hui, les gens viennent chez moi car ils ont vu ce que je fais, ils aiment mon travail et, même si c’est un peu différent, je peux le créer à ma façon et cela fonctionne bien.

Il nous explique comment cela se passe lorsqu’un client fait appel à lui : « Peu importe l’évolution que la personne a dans son projet, on se voit toujours une fois pour le dessin. On discute, je dessine sur la peau, je prends un calque de ce qu’on a dessiné, comme ça la personne a déjà un schéma visuel de ce que sera le résultat. L’emplacement, la taille : on discute des détails. Ce qui fait que quand je dessine, on sait tous les deux dans quelle direction on va. Il n’y aura pas de grande surprise quand elle recevra le dessin. Maintenant, avec la modernité, les gens viennent avec des photos, des images de « Pinterest », etc. Dans ce développement personnel, comme je mets en avant un tatouage en conscience, je suis aussi là pour aider à canaliser les idées, l’énergie, la direction que les personnes veulent prendre pour leur tatouage. Que le tatouage s’harmonise avec le corps. À mon avis, ce qui est important, c’est l’intention qu’on met dedans, la signification. Si l’on y met une signification forte, ce sera un tatouage qui vieillira bien, car il va représenter quelque chose. Le but, c’est de repartir avec un tatouage personnalisé. »

De temps en temps, il crée des « flashs » (ndlr : des dessins originaux qui reflètent l’univers de l’artiste, qui sont parfois des modèles uniques) pour avoir des propositions, de l’inspiration pour les gens qui parfois viennent et disent « j’aimerais celui-là. » Et ils repartent avec. 

Participes-tu à des conventions de tatouages ?

« Oui. J’ai pris part à beaucoup d’événements ces deux dernières années, que ce soit en Suisse ou à l’étranger. Cette année, je ne vais pas en faire car je vais mettre l’accent sur plusieurs projets : la formation en hypnose, Art Forum, et je suis aussi cuisinier au camp de ski. » 

Stéphane a plusieurs cordes à son arc, dont la photo, qu’il a pratiqué tout d’abord pour lui-même : « J’aimais bien les photos de nuit. Je partais avec un ami faire de longues poses un peu partout avec des jeux de lumière. » Il explique que, pour prendre des tatouages en photo, il est obligé de bien connaître les réglages de son appareil, car il est parfois compliqué de rappeler les clients pour refaire un shooting photo : « J’ai des clients qui s’ont partis ou qui viennent de l’étranger ; on ne les revoit pas forcément. » Une corde supplémentaire sera ajoutée ce printemps : l’hypnose. Une formation qui lui parle, à la suite de la naissance de sa fille, il y a 3 ans, sa femme ayant fait appel à l’HypnoNaissance® et s’étant formée ensuite elle-même à cette pratique. « Je vais suivre la formation d’hypnothérapeute en avril prochain. Je verrais si j’intègrerai ceci à mon métier ou si je le pratiquerai à côté. Je ne me suis pas encore décidé. » Quant à Art Forum, cette année, il n’exposera pas ses tableaux comme en 2022, mais vous l’y croiserez de toute façon derrière son objectif photo.

 

Christelle Chillier

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Instagram : @steflower