
La course aux oeufs de Chapelle
oeuf qui roule et se cache sous la mousse
Parmi les traditions que compte notre commune, il en est une qui fait le bonheur des petits, mais aussi des plus grands :
la courses aux oeufs qui a lieu chaque année dans les bois de Chapelle. Un événement récréatif qui ravit tout autant les enfants
que les parents. Retour aux origines de cette manifestation devenue culte, qui aura lieu cette année le samedi 12 avril 2025.

Déjà deux décennies que la fameuse course aux œufs a lieu à Chapelle, organisée chaque année par la société des Dames de Chapelle-Gillarens. L’idée de départ (l’œuf de Colomb, si on ose le dire) est venue de nouvelles membres de la société, en 2004 : cacher des œufs sur deux parcours, l’un adapté aux petits jusqu’à six ans, et un autre, plus difficile, pour les enfants jusqu’à la fin de l’école primaire. Geneviève Périsset, co-présidente actuelle de la société, nous explique : « Ça a marché tout de suite. Au début, on achetait et teignait 500 œufs, on en est à 900 actuellement. »
20 années de crapahutage forestier pour les enfants de la commune, mais pas seulement : « On distribue des flyers à tous les ménages de la commune de Chapelle-Gillarens, et ensuite on en donne aux classes du cercle scolaire. » Le bouche à oreille fait aussi son effet : « On a pas mal d’enfants qui viennent d’ailleurs. Mais grâce aux inscriptions, on en connaît le nombre à l’avance. Une année, c’était il y a assez longtemps, on avait eu 150 bambins, ça avait été l’explosion. On compte maintenant entre 100 et 120 enfants participants. »
Presque un millier d’œufs, donc, tous cuits et teints durant une soirée organisée par les dames, quelques jours avant le jour J : « On est quelques-unes à se rendre à l’abri PC de Chapelle – parce qu’il y a une cuisine – et on les cuit un peu avant l’arrivée des autres membres qui, elles, viennent pour les teindre. » Le tout est donc préparé en une seule soirée, de manière totalement artisanale. La cache des œufs, elle, se fait le samedi même, tôt le matin, sur les deux parcours balisés de la forêt de Chapelle. « Une certaine année, il avait neigé, nous avons dû ruser pour que les enfants ne voient pas nos pas ! »
Les cadeaux aussi sont pensés et préparés à l’avance. Les enfants ont le droit de récolter un maximum de cinq œufs chacun, afin que tout le monde ait sa chance. Et lorsqu’ils montrent leur butin à la Dame responsable des cadeaux, elle leur donne cinq petits présents différents. « Et ensuite il y a l’œuf d’or : un pour les petits jusqu’à 6 ans et un pour les grands. Pour cet œuf, on essaie d’offrir un cadeau un peu plus conséquent, comme une entrée au cinéma, ou quelque chose qui sort un peu du lot. L’œuf d’or a toujours été trouvé, avec peine parfois… C’est moi qui les cache, mais il faut que je me souvienne où je les mets. C’est vrai qu’une année, personne n’arrivait à le trouver (ndlr : sur le parcours des « petits »). Alors j’ai dit que j’allais voir s’il était toujours là où je l’avais caché. Bien entendu, j’avais tous les gamins autour de moi. » Pas évident, dans ces conditions, de vérifier sans se faire remarquer ! Et quant aux œufs qui ne seront jamais trouvés, ils feront le régal des animaux de la forêt.
Côté budget, tout est entièrement géré par les Dames. Une participation de Fr. 5.- par enfant, ainsi que la vente de saucisses durant la manifestation, suffisent à couvrir les frais. Des pâtisseries, également préparées par les Dames, sont proposées aux enfants et leur parents, contre une participation volontaire.
Geneviève, membre du comité avec cinq autres personnes, fait partie des Dames de Chapelle-Gillarens depuis près de 30 ans, donc la course aux œufs, elle connaît. La société, qui regroupe une trentaine de membres actuellement, propose, une fois par mois des activités aux dames qui habitent la commune : « Tous les mois, depuis le mois de novembre jusqu’au mois de juin, on fait une soirée. Comme, pour cette année, de la pétanque sur glace à Oron, suivie d’un repas. Ou encore l’accueil de deux dames qui viennent de Bulle et d’Oron-le-Châtel, pour un atelier floral avec de la ferraille. Et chaque mois on a une autre activité. On s’occupe aussi de la course aux œufs, ainsi que du Noël des jeunes retraités, ceux qui ont 65 ans et plus. Et bien sûr, il y a les lotos. »
Cette société, créée à la base par la paroisse, existe depuis 1973. Des tous-ménages sont distribués dans toutes les boîtes-aux-lettres de Chapelle et Gillarens pour informer de leurs activités régulières. « On a rarement d’autres participantes que celles qui sont déjà inscrites, et c’est dommage parce qu’on voit qu’il y a pas mal de dames, jeunes, qui pourraient venir. On rigole bien, on fait une course chaque année. Cette année, cette sortie durera en principe trois jours, selon les finances, mais uniquement les Dames. Car une année sur deux, on prend les aînés avec, et là cela ne dure qu’une journée. » Les courses de trois jours se sont déjà déroulées à Barcelone, à Bruxelles ou encore en France : « La dernière, c’était avec le Glacier Express, c’était toute une aventure ! »
Tout cela dépend bien entendu des finances, provenant uniquement des recettes des lotos et de la cotisation des dames.
Les Dames gèrent aussi le Noël des aînés qui a lieu quelques semaines avant Noël. Rebaptisé le « Noël des jeunes retraités », cet événement a lieu soit à la salle polyvalente de Promasens, soit à l’abri PC de Chapelle, en alternance chaque année. Le dernier Noël, organisé le 15 décembre 2024, a réuni pas moins de 96 personnes. La jeunesse de Chapelle-Gillarens a également mis la main à la pâte pour cette manifestation. Quant au financement, il est pris en charge par la commune et la paroisse.
Avec la fusion, la société des Dames accueille volontiers de nouvelles membres, même si elles ne sont pas habitantes de Chapelle-Gillarens. Certaines d’entre elles viennent déjà d’Auboranges ou de Vauderens. La cotisation est de 50.- par année qui, avec les revenus récoltés lors des lotos, assure la pérennité financière de ce regroupement féminin.
Ces Dames font le bonheur des petits une fois par année et des moins petits un peu plus régulièrement dans l’année. Encore une autre façon de faire vivre des traditions de manière ludique et participative, et par là-même de faire vivre un village.
Virginie Barrelet


