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Art Forum

quand l’art foule les pavés

Ce rendez-vous culturel, devenu incontournable pour tous les artistes et les amateurs d’art de la région, n’était pourtant pas destiné à perdurer au départ. Cette exposition, qui s’étend dans les bâtiments historiques de la cité de Rue, a été créée par la Jeune Chambre Économique section glânoise (désormais appelée Jeune Chambre Internationale) en 2000, dans le but de marquer le passage de millénaire par une manifestation inédite. Rue, avec son cadre médiéval et ses lieux atypiques, requérait toutes les qualités pour l’accueillir. Cette édition a rencontré un tel succès qu’il a été décidé de la transformer en association afin de proposer des expositions biennales. 2024 accueillera ainsi la 11ème exposition, celle de 2020 ayant été annulée en raison de la pandémie.

Cette association est pilotée par un comité composé d’artistes de la région. Ils sont 6 à la tête de cette institution aux buts bien précis : promouvoir la création artistique, organiser des manifestations culturelles, créer des synergies entre les différents domaines artistiques et soutenir les jeunes talents.

Une septantaine d’artistes sont actuellement membres de ce collectif en payant une cotisation annuelle. En contrepartie, ceux-ci sont, entre autres, répertoriés sur le site internet d’Art Forum et peuvent ainsi avoir une place, s’ils le souhaitent, pour présenter leurs œuvres lors du weekend d’expositions.

 Henri Jungo, aquarelliste de 72 ans et caissier de l’association depuis 2016, explique que le nombre d’exposants est exponentiel : « Nous avons commencé avec 38 artistes en 2000, 60 sont attendus pour l’édition 2024 ! C’est aussi un défi d’organiser cet événement : avec l’augmentation du nombre d’exposants, les locaux, eux, restent pareils. Et c’est sans compter les imprévus de dernière minute à gérer, car il y en a à chaque édition. Mais nous sommes un comité soudé, on arrive toujours à s’en sortir et j’ai beaucoup de plaisir à contribuer à cette organisation. » Ces créateurs d’aquarelle, de peinture à l’huile ou acrylique, de sculpture, de graphisme ou de photographie, de céramique, d’art conceptuel ou de modélisme viennent essentiellement de la Glâne ou des districts limitrophes. Les visiteurs peuvent ainsi partir à leur rencontre selon un parcours balisé dans les endroits clés de la ville, certains n’ouvrant qu’exceptionnellement leurs portes au public pour l’occasion : la Chapellenie, la salle des Chevaliers de la maison de Maillardoz, la cour et le donjon du château, la Galerie de Rue, les caves de l’Hôtel de Ville, la salle des Remparts ou la Crêperie.

L’association rencontre un réel engouement auprès des artistes. « Nous devons un peu freiner l’accès à notre association, nous ne pouvons pas accepter 200 cotisants et proposer uniquement 70 places d’expositions, nous devons parfois répondre négativement aux demandes d’adhésion. Nous privilégions les artistes glânois et une certaine diversité dans les arts représentés. Il y a aussi une réelle alchimie avec les lieux, nous nous rendons compte que le public qui aime l’art aime aussi les vieux murs, et le fait de pouvoir mixer bourg historique et art est un atout. »

La prochaine édition se déroulera du 7 au 9 juin 2024 et si la tradition se répète, avec le beau temps. Selon Henri Jungo : « C’est vrai que nous avons en principe de la chance avec la météo, il est arrivé parfois une petite averse sur le weekend mais normalement le soleil est de la partie. »

Cette année, la manifestation accueillera un invité de marque, l’artiste reconnu du street art (ndlr : art urbain : œuvres destinées à être exposées dans la rue ou les lieux publics), Marc Mandril. Ce dessinateur hyperactif de Neuchâtel s’inspire autant de science-fiction que d’univers fantastiques pour emmener le spectateur au cœur d’un imaginaire étrange aspirant à la réflexion sur l’utopie urbaine. En plus de l’art du détail et de son sens aigu de la perspective, ce créateur dévoile une technique remarquable du trait, au moyen d’outils plastiques traditionnels ou de travail numérique.

L’art reste le cœur de la fête. Nathalie Lomier, secrétaire, explique qu’il s’agit d’une exposition-vente : « C’est l’occasion pour un artiste de vendre ses œuvres et de se faire une vitrine, une opportunité de se faire connaître. Les gens achètent au coup de cœur, c’est ce qui rend cette expo magique. Souvent, les artistes ne s’attendent pas un tel succès. »

Henri complète : « Notre public, ce sont essentiellement des gens entre 40 à 70 ans, qui aiment les œuvres et qui viennent pour ceci. Le but n’est pas de rajouter beaucoup d’autres activités. Il y aura quelques animations mais nous sommes encore en train de les peaufiner. » Il se souvient de cette édition avec le petit train qui véhiculait le public et qui a eu la mauvaise surprise, en arrivant avec les visiteurs, de ne pas passer la porte du château, pour quelques centimètres de largeur. « Nous avons dû trouver une solution pour le faire tourner dans le parking et voilà qu’il commence à pleuvoir et que le train s’embourbe… Il a fallu aller chercher un agriculteur et son tracteur pour le sortir. » Le petit train ne sera donc pas de la fête cette fois. Il y aura toujours des points de restauration grâce à la collaboration avec l’US Rue (football Club) qui tiendra un stand au château, en plus de la Crêperie et de l’Hôtel de Ville.

L’exposition sera ouverte le vendredi 7 juin de 19h à 21h (vernissage à 18h), le samedi 8 juin de 10h à 20h et le dimanche 9 juin de 10h à 18h, avec un tarif d’entrée de 5.-.

Sophie Bosson

Infos:
Site Art Forum