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Les lotos

quine, carton, bingo !

Les lotos sont une institution depuis des décennies dans notre région. Nécessaires à la survie financière des sociétés locales, ils ne se résument pas seulement à cela. Coup de sac dans les idées reçues et découverte des coulisses de ces manifestations.

Qui dit loto, dit chiffres :

  • 1967 : création de l’Intersociété de Promasens par la Paroisse, afin d’organiser et coordonner officiellement les lotos de Promasens (déjà existants mais peu réglementés)
  • 1972 : Chapelle rejoint l’Intersociété de Promasens
  • 1998 : début des lotos à la salle de gym de Promasens (qui se déroulaient jusqu’ici au Café de l’Étoile à Promasens)
  • 2009 : interdiction de fumer dans les salles
  • 2018 : dissolution de l’Intersociété de Rue pour rejoindre celle de Promasens-Chapelle. Fin des lotos à Rue, ils auront désormais tous lieu à Promasens
  • 24 weekends de lotos environ par année (2 sessions par weekend : le samedi à 20h et le dimanche à 14h)
  • 11’120.- de lots en jeu. Ce montant est fixe et réglementé pour tous les lotos de Promasens

Un nombre impressionnant  de personnes tournent autour de cet événement :

L’Intersociété

Ce comité – composé de 3 représentants de société, 1 caissier ou caissière et 1 secrétaire – s’occupe de préparer la saison des lotos, de fixer le calendrier, de gérer le matériel et de coordonner les différents intervenants. Au printemps, en collaboration avec son homologue d’Ursy pour éviter des doublons, les dates sont posées pour la saison suivante, qui s’étend de fin août à début juillet de l’année suivante. Les weekends sont ensuite répartis entre les sociétés organisatrices, selon un tournus établi.

Les crieurs

Auparavant, chaque société devait trouver son propre crieur. A l’arrivée de l’informatisation des lotos, certains d’entre eux ont accepté de se former et sont devenus crieurs officiels. Ils sont maintenant trois à se partager les sessions et à consacrer leurs weekends à entendre « coups de sac !! », « rebouille !! », « Ca-quine !! » ou à se faire enguirlander pour ne pas avoir crié le bon numéro.  

La buvette

Tenue depuis 2015 par Fabienne Gachet au travers de sa société Fabi Event, celle-ci ne cesse d’évoluer. Les petits snacks ont été complétés par des menus. Les ouvertures sont élargies : dès 17h le samedi et 10h le dimanche. Chacun peut ainsi profiter, avec ou sans loto, d’un apéritif ou d’un repas complet. Trois à quatre personnes sont nécessaires au fonctionnement de ce coin convivial. La philosophie de Fabienne : que les clients soient contents et qu’ils se sentent comme chez eux.

Le concierge

Outre la maintenance générale de toute la salle à l’année, sa mission est de se rendre tous les dimanches soir de loto pour reprendre les clés, vérifier l’état des locaux et les remettre en ordre pour les activités scolaires ou des sociétés locales qui auront lieu tout au long de la semaine.

Les transports

Les dimanches après-midi, un bus de Girard Transports fait la navette entre la gare de Palézieux et Promasens afin d’accueillir les amateurs vaudois ou valaisans de lotos fribourgeois. Le public vient de loin !

Les parqueurs

Michel Pache et ses fidèles collègues gèrent les nombreux véhicules affluant le samedi soir et le dimanche après-midi. Ils ne comptent plus le nombre de voitures qu’ils ont parqués depuis leur début.

La société organisatrice

La société locale organisatrice du loto gère la publicité, la commande des lots, en marchandise et en bons d’achat, (Ndlr : dès le 1er novembre 2023, 25% des lots devront prendre la forme de marchandise), les fonds de caisse, le planning de travail et les autorisations. Elle doit fournir au minimum 21 personnes par session (donc 42 pour tout un weekend), afin de garantir un fonctionnement correct. Vendeurs de cartons, encaissement des abonnements et des bingos, répétiteurs, distributeurs de lots, mise en place, rangement de la salle : chacun a un poste défini.

C’est elle aussi qui assume le risque financier : elle avance les Fr. 15’000.- nécessaires pour les lots et les divers frais. Ensuite, il ne lui reste plus qu’à croiser les doigts pour couvrir les coûts et dégager une marge ! Finie la folie des débuts, les salles combles où les bénéfices  oscillaient entre Fr. 12’000 et Fr. 20’000.-. Selon les rumeurs, il y aurait même eu un record à Fr. 32’000.- en un weekend ! Aujourd’hui, un déficit touche parfois un ou deux lotos par année et le bénéfice moyen se tient plutôt autour des Fr. 5’000.-.

Cela signifie que d’autres rentrées financières doivent être trouvées, mais le gain occasionné par les lotos reste un facteur important pour la survie d’une société.

Le public

Sa plus grande qualité semble être la fidélité ! Les fans de loto viennent de loin : de Nyon, du Valais… La distance ne les décourage pas à venir passer ce moment tant attendu. Un groupe d’amies, surnommé « les folles du loto » et composé d’une dizaine de personnes, habitant entre Vuibroye et Nyon, ne manque aucun dimanche de loto à Promasens et ceci, depuis qu’ils existent ! Les membres se souviennent de cette fois où elles ont bravé la neige et les mauvaises routes pour découvrir, une fois sur place, que le loto avait été annulé en raison de la météo.

Marie-José, qui fait partie de cette joyeuse équipe, crée elle-même des tee-shirts pour les fans de loto, afin de trouver des fonds pour son association Yok (une association pour la protection animale). « A Promasens, c’est le meilleur (loto) ! Ici, tout le monde est sympa, de la société au crieur et surtout, à la buvette. Notre moment apéro et loto du dimanche, nous l’attendons toute la semaine ! Nous nous écrivons et faisons le décompte des jours ensemble pour patienter. La période Covid a été terriblement compliquée à vivre. Il y a énormément de personnes seules pour qui le seul moment de contact social est d’aller au loto. On s’y retrouve tous ensemble, on s’y fait des amis, on rigole, on sort de notre routine. Gagner ou pas, on s’en fiche finalement, on ne vient pas pour cela. »

Le loto prend soudain un autre sens, sa raison principale ne devient plus financière. Il se transforme en une rencontre sociale, un moment de partage où chacun a quelque chose à gagner et à faire gagner, même si le carton n’est pas bon et reste vide. Bingo !! La richesse n’est parfois pas celle que nous imaginons…

Sophie Bosson