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Justin Bekaert

Secourir et prendre soin des gens est sa vocation

Nous partons aujourd’hui à la rencontre d’un jeune homme de bientôt 19 ans qui a c’est le moins qu’on puisse dire, la fibre sociale. Peut-être tient-il cela de sa maman infirmière ou de son père éducateur social ? Sa maman dit elle-même de lui : « Justin a depuis tout petit été tourné vers les autres. » Un destin tout tracé ?

Justin a plusieurs hobbies, dont le foot, qu’il a commencé à l’âge de 4 ans. Encore aujourd’hui affilié à l’US Rue, il avoue ne pas pouvoir jouer aussi souvent qu’il le voudrait. Habitant une partie de la semaine à Fribourg pour raisons professionnelles, il ne parvient pas à participer à tous les entraînements.

Très tôt aussi, tout juste âgé de 8 ans, il a eu le désir de devenir pompier. Après quelques recherches, ses parents l’ont inscrit aux Jeunes Sapeurs Pompier (JSP) d’Oron-la-Ville. Mais que fait-on chez les pompiers quand on a 8 ans ?

« On ne fait rien de spécial au début, on voit des petites choses : le triangle du feu1, quelques gestes de premiers secours. On doit passer notre « flamme 1 »2, dès 12 ans. Cette « flamme » sert à valider nos premières compétences. La « flamme 2 » (dès 14 ans), ce sont des compétences pratiques et théoriques complémentaires qu’il faut avoir. Quant à la 3e « flamme », qu’on passe dès 16 ans, elle est encore plus complète. Là, il faut tout connaître par cœur : pourquoi on ventile, pourquoi on ne va pas directement au feu lors d’une intervention, etc. Cette année, sur les 5 candidats de notre caserne, nous avons tous réussi. »

Sa « flamme 3 » obtenue, Justin fait maintenant partie des pompiers de milice, ceux que l’on peut solliciter pour des interventions. Toujours rattaché au corps d’Oron-la-Ville, il peut être appelé à intervenir sur demande, dans la région d’Oron. Quand on lui demande s’il voudrait plus tard incorporer la nouvelle caserne de Rue, il avoue qu’il ne sait pas encore.

« Je me pose plein de questions à ce sujet, mais j’ai déjà fait 10 ans à Oron, et je suis en plus moniteur pour les JSP. On organise les exercices, chaque mois, pour les plus petits, de tout âge. On prépare même des candidats à obtenir leur « flamme 3 ». J’aurai toujours envie de faire partie des pompiers. Parfois, je me demande même si je ne vais pas faire pompier professionnel. Mais cela impliquerait de travailler dans une plus grande ville : Lausanne, Genève ou Sion. C’est vraiment une passion. »

Justin est actuellement en 2e année d’apprentissage d’ASSC (Assistant en soins et santé communautaire CFC) à l’Hôpital Cantonal à Fribourg. Rattaché au Service de chirurgie générale, il aspire ensuite à peut-être devenir infirmier, ce qui implique une année supplémentaire de maturité, puis d’intégrer la Haute école de Santé à Fribourg. Même si son désir premier, alors qu’il était encore écolier, était de devenir ambulancier, il se voit dans tous les cas travailler aux soins aigus. Que cela soit dans un service des urgences, à la Rega, dans un SMUR (service médical d’urgence) ou encore aux soins intensifs. Il veut être là où les interventions sont parfois vitales et où il faut aller très vite. Il reste déterminé : « C’est dans les soins que je veux travailler et ça, ça ne changera pas. Je continuerai à faire ça toute ma vie. »

Cela dit, certains jours sont plus difficiles que d’autres. Mais les horaires de 12 heures, les nuits qu’il fait déjà à l’hôpital n’entament ni sa motivation ni son empathie et son désir d’entraide.

Est-ce le métier de sa maman qui a influencé ce choix ? « Chaque fois qu’elle revenait du travail, je lui demandais ce qu’elle avait fait, ça m’intéressait. Et il y a eu cette journée « Futurs en tous genres »3 où je l’ai accompagnée au CHUV aux soins intensifs, j’ai adoré. C’est cette journée qui a tout déclenché. »

A côté de sa formation, Justin reste très actif. Il a d’ailleurs participé, en février dernier, à un rallye humanitaire organisé en France : le 4L Trophy, dédié aux 18-28 ans. Approché par son cousin français, Justin l’a accompagné et a relié avec lui Biarritz à Marrakech à bord d’une Renault 4L afin de transporter du matériel scolaire et des vêtements pour l’association « Les Enfants du désert » et la Croix-Rouge Française (Ndlr : Les trophistes participent également financièrement au projet de construction d’écoles. Grâce à leur soutien financier, 26 salles de classe ont pu voir le jour).

« Grâce à des sponsors, mon cousin a acheté une Renault 4L et l’a retapée. Une fois le travail terminé, il est venu me cherche en Suisse, avec la 4L. La voiture était incroyable, j’ai adoré ! Nous sommes ensuite descendus jusqu’à Biarritz pour rejoindre les autres concurrents. Nous avons pris le départ le 15 février, avec tout le matériel dans la voiture : nos tentes, les sacs de couchage, nos affaires personnelles, deux jerricans d’essence, la 4L était blindée. Nous avions chaque soir un lieu de rendez-vous, qu’on rejoignait à l’aide d’un roadbook (donc pas la permission d’utiliser un téléphone ou un système GPS). Plus de 2’000 équipages ont participé à l’édition 2023. L’équipe et l’ambiance étaient dingues. Chaque soir, il y avait un débrief, avec un JT qui relatait les événements de la journée. 2’000 voitures, ça fait quand même plus de 4’000 personnes ! Cela implique une certaine organisation. Il y a aussi des équipes techniques, des personnes qui prennent des photos… C’est l’expérience d’une vie, un truc à faire. »

Retour sur la suite de sa formation et sur ses envies professionnelles. Justin avoue qu’il hésite encore : entre pompier professionnel, ambulancier ou infirmier en soins aigus, son cœur balance. Une chose est sûre : c’est aux secours ou aux soins à l’autre qu’il se destine.

Une vocation qui se raréfie parmi nos jeunes ? Grâce à des ados comme Justin, une partie de la relève est en tous cas assurée dans ces métiers exigeants et pas toujours valorisés à leur juste valeur.

Virginie Barrelet

 

1) Triangle du feu : le triangle du feu montre les 3 éléments indispensables pour une combustion chimique : comburant, chaleur et combustible

2) Flammes 1, 2 et 3 : évaluations permettant le contrôle continu des connaissances acquises par les JSP

3) Futurs en tous genres : le temps d’une journée, les élèves de 7H partent sur le lieu de travail d’une personne du genre opposé, généralement leurs parents. Cela leur permet de découvrir des métiers sous-représentés par leur genre.

futurs en tous genres

4L Trophy