Sélectionner une page

STEP

où vont nos eaux usées

En 2024 aura lieu l’inauguration officielle de la Station d’épuration (STEP) d’Ecublens. Cette installation, qui travaille dans l’ombre, joue pourtant un rôle essentiel pour notre commune et celles des alentours. Avant de vous présenter en détail celle-ci dans un prochain numéro, explications sur un procédé complexe et nécessaire.

Le canton de Fribourg a commencé la construction des stations d’épurations (STEP) et des réseaux d’égouts publics en 1960 à la suite d’idées novatrices : traiter les eaux usées et séparer les eaux pluviales.

Selon la législation actuelle, le principe prioritaire est de favoriser le cycle naturel de l’eau, notamment la recharge des nappes phréatiques, en évacuant les eaux non polluées par infiltration (en surface avec un passage à travers la couche d’humus, qui est un excellent filtre naturel). Ainsi, pour éviter les surcharges des STEP, les eaux claires (eaux pluviales) ont un réseau séparé (1) pour être directement dirigées vers des bassins de rétention avant d’être remises en rivière. C’est pour cette raison qu’il ne faut jamais vider des liquides polluants dans les grilles d’égouts extérieures : l’eau n’est pas traitée lors de son passage à la STEP !

La question du traitement des eaux est complexe et très réglementé, selon le secteur d’utilisation. Les systèmes d’évacuation sont riches et différents selon les structures, et un article ne suffirait pas à tous les décrire. Pour cette édition, nous allons surtout nous concentrer sur l’évacuation des eaux domestiques via les égouts publics.

Pour notre région, l’eau du lave-vaisselle, du lave-linge, des toilettes et de nos lavabos est dirigée via un réseau de canalisations souterraines (2) vers la STEP d’Ecublens. Cette eau va y subir différents traitements, dans différents bassins, afin de la rendre propre (elle ne peut pas être qualifiée de potable, mais elle reste conforme aux normes exigées par l’Office fédéral de l’environnement) et de la réinjecter dans le circuit naturel :

Dégrillage (3) : une série de grilles retiennent les déchets jetés dans les WC et égouts, mais qui n’ont rien à y faire : cotons-tiges, mégots de cigarettes, serviettes hygiéniques, lingettes, restes de nourriture, etc., pour les acheminer là où ils auraient dû aller directement : dans un centre d’incinération pour ordures ménagères.

Désablage (4) : les matières sableuses, qui contiennent des poussières de métal et des agglomérats polluant, coulent au fond du bassin puis sont retirées pour finir en décharge.

Déshuilage (5) : les matières grasses et huiles, provenant notamment des cuisines, flottent sur ce bassin pour être récupérées. Attention ! Les huiles et graisses de moteurs ou de bricolage ne doivent jamais être jetées dans les eaux usées car elles sont toxiques pour les microorganismes qui assurent le fonctionnement de la STEP.

Circuit des eaux usées au travers de la STEP (6) : celui-ci peut varier d’une STEP à l’autre selon sa configuration, sa grandeur, ses méthodes de traitement et de son organisation :

  • Décantation primaire : l’eau est encore très boueuse et chargée de particules en suspension. Plus denses que l’eau, elles vont se déposer au fond du bassin.
  • Dégradation biologique : des substances organiques biodégradables sont digérées par des bactéries et des organismes unicellulaires. De l’air, injecté dans ce bassin, leur permet de se multiplier et d’être très actifs.
  • Déphosphatation : l’eau contient beaucoup de phosphate, qui ne peut pas être rejeté dans les lacs ou les rivières : il provoquerait une surcroissance des algues.
  • Décantation secondaire : l’eau contenant encore de la boue est renvoyée dans le premier décanteur ou vers le digesteur.
  • Retrait des micropolluants : les micro-organismes n’arrivent pas à digérer les substances chimiques synthétiques. Un filtre à charbon actif (ou un traitement à l’ozone) va les retenir.

Digestion et production de biogaz (7) : les boues d’épuration sont enfermées dans un gros digesteur, à l’abri de l’oxygène. Elles vont fermenter sous l’action de micro-organismes et vont produire du biogaz, qui sera stocké et brûlé dans un moteur-générateur pour produire électricité et chaleur (en grande partie utilisées par la STEP elle-même).

Une fois digérées par les micro-organismes, les boues sont essorées puis séchées (8), par exemple sur un tapis roulant. Le liquide retourne à la STEP. Les granulés de boue contenant trop de métaux lourds pour être utilisés comme engrais seront brûlés dans une usine d’incinération.

Une STEP n’arrive pas débarrasser les eaux usées de tous leurs polluants. L’eau rejetée n’est pas pure et elle restera, quoi qu’il arrive, plus sale que celle de la rivière. Il est ainsi essentiel de réfléchir à ce que nous laissons partir avec nos eaux usées. Il faut éviter, entre autres, les lingettes humides, l’huile, les litières pour chat, les restes de produits chimiques ou encore la peinture.

 La STEP d’Ecublens a été entièrement rénovée et agrandie ces dernières années et est basée sur les dernières technologies en matière d’épuration. La population sera invitée en juin prochain à son inauguration et pourra visiter ses nouvelles installations :  ce sera là une belle opportunité de découvrir de près son fonctionnement, ô combien vital à l’environnement.

 Sophie Bosson

Infos:
Source : energie-environnement.ch
Infos : Service de l’environnement à Fribourg