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Que savons-nous de l’histoire de nos communes, finalement ? Nous voyons tous, par l’architecture des bâtiments qui nous entourent, que ceux-ci datent de quelques années, voire de quelques siècles pour certains. Nous avons peut-être aussi entendu les légendes qu’abrite notre région, des histoires qui font la part belle à l’imagination. Mais savons-nous que certaines légendes sont fondées sur des faits historiques ? Et connaissons-nous vraiment l’histoire des habitants qui ont un jour vécu ici, avant nous ? Plongeons ensemble aujourd’hui dans l’Histoire, celle avec un grand H, et tentons de remonter le fil d’Ariane qui a fait que notre région est devenue celle qu’elle est aujourd’hui.
Premier épisode d’une chronique passionnante

Plantons le décor

Commençons cette épopée à l’inter-glaciation, soit vers l’an -11’000 av. J.-C. C’est le début de la sédentarisation pour les humains qui vivent dans nos contrées. Les eaux se sont retirées de notre région et ont laissé derrière elles dans nos rivières un gros poisson : le silure « glane », qu’on trouve encore en abondance dans les lacs et les rivières d’Europe. De là à dire que la région a donné son nom à ce poisson, il n’y a qu’un pas… qu’on ne franchira pas. De cette époque, nous retrouverons également, beaucoup plus tard, en 2020 lors de travaux de terrassement à la sortie de Rue en direction d’Ursy (travaux pour la nouvelle zone artisanale d’Ursy), des blocs erratiques de plusieurs tonnes et mesurant plus de 2 mètres.

Avançons de quelques millénaires et arrêtons-nous maintenant vers l’an -6’000 av. J.-C. Le Sahara est, à cette époque, très fertile. La faune y est riche et des peuples divers de chasseurs cueilleurs y sont installés. Au fil des siècles, la désertification progresse, les lacs s’assèchent et le Sahara devient tel que nous le connaissons actuellement. Les populations qui y habitent migrent vers l’est et le nord de l’Europe où d’immenses forêts couvrent tout le territoire.

Le silure de la Glâne
© M. Roggo – www.bkfv-fcbp.ch

Blocs erratiques trouvés lors de travaux de terrassement
© Roger Perriardau

Helvètes et Burgondes

Bien plus tard, vers -4’000 av. J.-C., le grand peuple des Celtes, lui, venu du nord et composé de plusieurs tribus, se rend vers le sud de l’Europe. Deux de ces tribus, les Helvètes et les Burgondes, s’installent en -400 av. J.-C sur un plateau nommé la Sapaudie (du latin Sapaudia qui signifie« forêt de sapins »), région comprise entre le Jura et les Alpes, soit la plus grande partie du plateau suisse actuel, incluant les cités de Genève, Nyon et Avenches (VD). Pour la petite histoire, cette région se situait dans le territoire actuel de la Savoie (le nom de Sapaudia donnera ensuite les noms des départements Savoie et BarreletHaute-Savoie). Ces peuples nomades, vivant de chasse, de pêche et de cueillette, défrichent les forêts lors de leur avancement dans les terres et découvrent, entre autres, l’éperon rocheux de Rue. Ils s’y installent et créent des voies de communication.
A la même époque, l’empire romain se développe et conquiert la future Helvétie : Burgondes et Helvètes sont absorbés par cet Empire, et tous doivent maintenant obéir à la loi romaine. Dès lors, la façon de vivre romaine s’imposera dans nos régions.

Le territoire de la Sapaudie
© Marco Zonoli

Comment un Romain a influencé nos villages

Point de colonnes romaines ni de thermes par chez nous. Et pourtant, un Romain va être à l’origine de l’architecture de certains de nos bâtiments. Aux environs de l’an -90 av. J.-C., un certain Marcus Vitruvius Pollio vient au monde (il décédera vers l’an -15 av. J.-C). Plus connu sous le nom de Vitruve, cet architecte romain cherche la perfection par le nombre (mathématique, arithmétique, etc.). Il considère l’architecture comme une imitation de la nature. Son traité d’architecture en dix volumes, De Architectura, influencera bien des styles : grec, romain, médiéval, baroque, gothique, néogothique, renaissance, néo-palladien, moderne et contemporain. Il inspirera de grands noms tels que Michel-Ange, Léonard de Vinci et son homme de Vitruve, ainsi que les célèbres Vauban, Montauban, Le Nôtre, Mansart (le Château Collon à Gillarens ainsi que la maison située Perriardau-dessus du puits dans la cour du Château de Rue portent un toit de style Mansart), Palladio (le Château des Augustins a été construit selon le style Palladio), Haussmann, Gaudi, Le Corbusier, Botta, Antoine de Saussure (qui a notamment contribué à la rénovation d’une partie du Château de Rue), et bien d’autres.

Homme de vitruve, selon Leonard de Vinci
Photo domaine public

Texte : Roger Perriard et Virginie Barrelet

Château Collon à Gillarens – Toit de style Mansart
©Alexandre Chatton