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A l’époque Romaine

Burgondes et Helvètes

Episode numéro 2 de ce passionnant feuilleton qu’est l’histoire de notre ville

Que se passe-t-il à l’époque romaine ?

Le peuple Allobroge se fixe sur l’arc lémanique en faisant de Genève sa capitale. Les Ostrogoths, quant à eux, quittent nos régions pour le nord de l’Europe. Les Wisigoths traversent le plateau et vont s’établir dans la péninsule ibérique. Les Helvètes, devant l’arrivée des Romains, quittent le plateau vers le nord en pratiquant la méthode de la terre brûlée. Tout est passé au feu : cultures, habitations, il ne reste plus rien. Qu’importe : les Romains s’établissent tout de même dans notre région. Vaincus, les Burgondes et les Helvètes n’ont d’autre choix que de se soumettre à l’Empire et de regagner le plateau. Toutefois, leur docilité leur octroie des privilèges de choix : ils peuvent à nouveau travailler et ont le droit de réadopter leurs propres coutumes et styles de vie.

 

La Suisse sous l’Empire romain
© CC BY-SA – sidonius

La fortification du village

L’éperon rocheux de Rue devient alors un site stratégique important. Le Castrum Rota est un bourg construit en retrait de l’éperon rocheux, la forme arrondie de son plateau favorisant la construction d’un camp retranché, avec des troncs et des madriers en palissades. Le village d’habitations est également intégré dans ce camp. Celui-ci subira plusieurs destructions et pillages : les attaques de brigands et de peuples peu amicaux qui traversent l’Helvétie sont incessantes. Avec l’arrivée des Romains, un premier bâti, une tour en pierre, est construite pour protéger le hameau : voici la naissance du donjon du Château de Rue. Les résidents préfèrent quitter le camp retranché pour s’installer au flanc de l’éperon. Les habitations construites au pied du rocher, d’abord en bois et en toits de chaume, se parent ensuite de tuiles en bois (tavillons), puis en pierre (ardoise). Des portes de protections sont construites et les Romains fortifient le château en le bâtissant en pierre à l’emplacement que nous lui connaissons actuellement. Le village est lui aussi fortifié et devient une commune urbaine. Des voies romaines en provenance de Vevey passent par Promasens, en direction de Moudon et d’Avenches. Une autre voie romaine passe de Promasens, en direction d’Arlens, puis Blessens (par le Gros Essert), et Porsel en direction de la Gruyère. A l’emplacement du Gros Essert, les romains érigent une tour fortifiée avec des dépendances, dont il ne reste malheureusement aucun vestige, les ruines du bâtiment ayant servi à la construction de l’école de Blessens en 1913.

Dans l’histoire, le Castrum Rota est resté un point tactique, et le lieu-dit « Les Planches » est encore actuellement un lieu mis en réserve par le DDPS (Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports).

En – 44 av. J.-C., le dictateur Jules César est assassiné. Son successeur est le 1er Empereur romain Auguste, dont le règne se concrétisera entre – 27 av. J.-C. jusqu’en 14 après J.-C.

Entre 165 et 180 après J.-C., la peste antonine fait 5 millions de morts. En 200 après  J.-C., Moudon devient Minnodunum, Oron devient Uromagus et Vevey s’appelle Visicus. Vers 400, une grande partie des Celtes gallois quitte la région  pour s’établir au-delà du Jura, dans ce qui deviendra la future Gaule. Vers 436-437, le général romain Aetius, avec l’aide des Huns, vainc les Burgondes qui tentent de s’emparer de la Belgique. Vers 443, la Sapaudia est offerte par l’Empereur romain Valentinien III à Aetius, et celui-ci force le peuple Burgonde à s’établir en Burgundia Sabaudica (qui deviendra par la suite la Bourgogne). Pour la petite histoire, notons que ce peuple nous a laissé une trace de son passage : l’appellation de communes en « ens » (à prononcer « ensse », comme Promasens, Blessens, Gillarens, Vauderens, Vuarmarens, etc).

En 481, le roi Clovis (466-511 après J.-C.) hérite du royaume de son père, Childéric Ier. Le Castrum Rota, quant à lui, se consolide. Le bourg en dessous est fortifié par la construction de la porte d’Ursy (appelée également porte de Fribourg ou encore porte de Romont) et de la porte de Moudon du côté nord. Au sud, les portes d’Oron et de Lausanne sont édifiées.

En fonction des diverses langues parlées par les gens qui le traverse, le Castrum Rota devient  Castrum Rote, Rua, Rota (qui signifie « roue » en latin), Rottavilla en celte-gallois ou encore Rod (qui signifie « passage », « défrichement »).

A suivre…

Texte : Roger Perriard et Virginie Barrelet

© Livre d’histoire du Plan d’étude romand
« Des Helvètes celtes au Helvètes Gallo-Romains »

Ballaigues, voie romaine
© CC BY-SA – René Hourdy