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Sylviane Métairon fut la 1’000e habitante de la commune de Rue fraîchement fusionnée et, depuis le 15 mai 2022, elle est sans conteste sa première championne du monde de pétanque ! Rencontre avec une passionnée un peu hyperactive qui, à l’image de tout son clan, ne fait rien comme tout le monde et rien à moitié !

Elle est née dans la plus haute ville d’Europe (La Chaux-de-Fonds) il y a une cinquantaine d’années, elle vit dans la commune de la plus petite ville d’Europe depuis 20 ans. Un signe. Quoi qu’elle entreprenne, Sylviane Métairon, laborantine chez Nestlé où elle expérimente et répertorie les effets des aliments sur les cellules, se singularise. Maman de trois filles, elle joue de l’accordéon, a un mari assistant parental (papa de jour) qui régale aussi toute la famille — il est cuisinier de formation —, elle s’est lancée dans la création de perles en verre et d’impressions en 3D et a pris sa licence de pétanque sportive il y a une dizaine d’années avec le résultat qu’on sait : Sylviane, ce n’est pas Madame Tout-le-Monde. Mais elle n’en fait pas une marque de fabrique.

« Je suis touche-à-tout, curieuse aussi, et c’est vrai que j’aime bien découvrir les choses par moi-même, en autodidacte, mais sérieusement, jusqu’à avoir fait le tour de la question. Faire des choses différentes, ce n’est pas de la rébellion, pas non plus une volonté de se démarquer. Je crois qu’avec Fred, mon mari, on a juste choisi de ne pas trop se prendre au sérieux mais d’être libres et de ne faire que ce dont on a envie. Le point commun que je vois à tout ça est le partage et le plaisir de faire plaisir. »

Décroché au Danemark en individuel face à une Norvégienne en finale, son titre mondial lui a tout de même un peu changé la vie.

« Oui, il y a plein de choses aux­quelles que je n’étais pas habituée : donner des interviews, faire 2-3 photos, être abordée par des gens qui veulent te dire bravo (il y en a même qui pleurent en me voyant !). Personnellement, je n’ai pas pleu­ré ; j’ai réalisé le lendemain, très contente, émue même, mais si je pleure parfois – rarement –, ce n’est visiblement pas pour ça. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de soucis, les gens et les journalistes sont bien­veillants. Peut-être que la vie fami­liale tourne encore plus qu’avant autour de la pétanque, on n’est pas loin de ne parler que de ça… »

Il faut dire que Madame, Mon­sieur Frédéric, leur fille Emilie et son mari Logan jouent ensemble dans le club de Puidoux (VD), qui évolue au plus haut niveau national, et que les compétitions sont nombreuses.

Aujourd’hui, tout le monde veut d’ailleurs affronter Sylviane qui, de son côté, a à coeur d’honorer sa médaille d’or. Mais elle ne se met pas de pres­sion particulière. Son titre, elle le doit sans doute à son mental, qui est une véritable philosophie de vie.

« Peut-être en partie, parce que la pétanque de compétition, c’est avant tout la tête. Il faut rester dans le positif, imaginer par où la boule doit passer, pas par où elle ne doit pas passer. Quand je joue toute seule, je me parle à haute voix : le cerveau humain comprend mieux si tu lui parles et il devient plus coopératif à défaut de toujours obéir. »

Bernoise d’origine, Sylviane Métairon a déménagé très souvent dans les cantons de Neuchâtel et de Vaud avant de construire une maison à Pro­masens, où elle se sent bien.

« Je ne suis jamais restée quelque part aussi longtemps qu’ici. Je me sens fribourgeoise maintenant. Et j’ai été particulièrement touchée par la réception et les cadeaux de la commune l’été passé, une reconnaissance que je ne peux qualifier autrement que de très gentille. »

Fribourg le lui rendra peut-être bien: Sylviane Métairon est en lice pour le Mérite sportif 2022 !

On ne sait pas si l’histoire se finira ici. Mais la pétanque familiale et spor­tive y a en tout cas commencé, dans le club aujourd’hui disparu de« L’as du carreau », à côté du terrain de foot de Promasens. La boucle se bouclait peut-être déjà : des balles, des boules, du gravier, des tirs, des buts, des bouchons, du plaisir!

Texte et photos : Alexandre Chatton

Sylviane Métairon, son mari Frédéric, leur fille Emilie et son mari Logan

Sylviane Métairon, lors de la réception en son honneur du 29 juillet dernier